Le 15 mai 2025, à Strasbourg comme dans d’autres villes françaises (Paris, Marseille, Lille, Bordeaux, Toulouse, Rennes, Lyon et Mamoudzou à Mayotte), sesont fait entendre les voix de ceux que l’on n’écoute pas assez : les enfants en danger et les professionnels qui les accompagnent. À l’appel du collectif national Les 400 000, environ 300 personnes se sont rassemblées place Kléber avec un objectif clair : dénoncer les manquements des politiques publiques de protection de l’enfance.
Une réalité criante : les enfants attendent, les professionnels s’épuisent
Sous l’impulsion de la CNAPE (Convention nationale des associations de protection de l’enfance), cette mobilisation a permis de faire entendre l’alarme : des enfants attendent des mois, voire plus d’un an, pour être accompagnés. Non pas parce qu’ils ne sont pas identifiés comme en danger, mais parce que les moyens ne suivent pas.
Marieke Romain coordinatrice de la manifestations, alerte par un message du CNAEMO :
"Autant de perte de sens pour ces professionnels qui interviennent pour protéger les enfants non pas quand il le faut mais quand ils le peuvent"
"La seule issue, prendre à nouveau soin de notre système de protection de l’enfance et prendre soin de ceux qui prennent soins"
En Alsace, plus de 4 300 enfants sont confiés à l’ASE, soit 300 de plus en cinq ans. Pourtant, malgré un budget conséquent, le manque de familles d’accueil, le déficit de 30 000 travailleurs sociaux en France, et l’absence de pilotage interministériel mettent en péril les parcours de ces jeunes.
Une mobilisation émouvante
L’après-midi a débuté par un discours fort de René Bandol, délégué territorial de la CNAPE et directeur général de l’ARSEA, appelant à la responsabilité collective :
"Notre métier est singulier, que de travailler les jours, les nuits, les samedis et dimanches. Un enfant on n’arrête pas de l’accompagner à 17h, ça va un peu plus loin que ça !"
Les messages poignants se sont enchaînés, portés par des professionnels, mais aussi par les manifestants ainsi qu’un jeune, membre du Conseil des jeunes confiés d’Alsace.
La voix de Nathaniel
Parmi les témoignages, celui de Nathaniel, 17 ans, a bouleversé l’assemblée. Membre du Conseil des jeunes de l’ASE, il a tenu à faire entendre la voix de ceux qui vivent la réalité au quotidien :
"Ne lâchez rien, vous n’êtes pas des délinquants. Soyez vous-mêmes : vous devez réussir pour vous, pas pour les autres !"
Son but, faire faire entendre la voix des enfants confiés et de rappeler que selon lui « tout vient d’un manque de moyen, d’écoute et de reconnaissance envers les éducateurs qui ne sont pas assez nombreux. »
Un message d’espoir… et de détermination
Improvisées en chœur, plusieurs comptines revisitées pour le collectif ont résonné place Kléber, à Strasbourg, avant que la délégation ne prenne la direction de la préfecture. L’ambiance était à la fois grave, chaleureuse et déterminée.
La présence de nombreuses associations d’Alsace et de Lorraine, de juges des enfants, et de médias (DNA, RBS, IEJ…) montre que cette mobilisation ne peut plus être ignorée.
Et comme l’a dit Monsieur René Bandol : « Si nous ne sommes pas entendus aujourd’hui, nous reviendrons ! »
Et pour conclure, nous remercions tous les professionnels de l’ARSEA, et ceux des autres associations qui se sont réunies pour défendre la protection de l’enfance.
